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La petite histoire du Grand Café De La Terrasse

Le café de la Terrasse fut construit par Antoine Bott à l’emplacement de sa confiserie détruite par un incendie le 6 octobre 1884 au n°26 Grand-Place. Le café s’ouvrit en 1885. La photographie Fougère s’installa au troisième étage.
1885

Ange Le Picart dirigea l’établissement à partir de 1893. Pendant longtemps le café fut presque exclusivement fréquenté par des nobles de la région morlaisienne qui y venaient pour consommer et discuter mais aussi pour lire les nombreuses  revues et journaux mis à leur disposition. Ils y jouaient aussi à la manille, à la belote, aux dames, au jacquet, au bézigue, au  bridge, à l’écarté, au « chemin de fer » (sorte de roulette), et au billard au premier étage. Le samedi, des aristocrates arrivaient de Landivisiau, Pontivy, Saint-Brieuc et d’ailleurs pour jouer au poker. De fortes sommes changeaient de main. Quelques fanatiques se sont ruinés dans la nuit du samedi au dimanche.

1909

Des animations étaient aussi proposées. Ainsi, le 11 juin 1909, l’Homme-Etau qui s’était distingué aux Folies Bergères de Paris, mit des sous en cornets et des clous de fer à cheval en tire-bouchons par la seule pression de ses doigts, puis déchira de la même façon un paquet de 204 cartes à jouer. En mai 1910 le chansonnier Max Noël fut très applaudi. Monsieur Malto, « le transformaniste », en août 1913, imita Guichard dans « L’Homme aux grands pieds », Derame dans « L’Homme aux 36 têtes » entre autres. Des prestidigitateurs, des artistes de music-hall, des musiciens s’y produisaient fréquemment.

Le Contrôle du Tour de France Cycliste se faisait aussi au milieu de la nuit à la Terrasse. Le Vélo-Sport Morlaisien pointa les coureurs tous les ans de 1907 à 1914, à l’exception de 1911 où il accueillit les concurrents de la grande course décennale Paris-Brest et retour.

1920

François-Marie Le Pape prit en charge la Terrasse en 1920. Sa fille qui le seconda assure qu’à partir des années 1923-1924, la clientèle changea : les bourgeois (négociants, notaires, avocats, dentistes, médecins…) se mirent à fréquenter le café et quelques femmes osèrent en franchir la porte. Le dimanche il fallait faire des ponts entre les tables pour pouvoir accueillir tous les joueurs et consommateurs. Dans la soirée, les sportifs affluaient. Monsieur Le Pape téléphonait à Rennes pour avoir les résultats des matchs de football et les affichait. Tous les jours, de dix-huit à vingt heures, le pianiste Auduc et le violoncelliste Nannelli se produisaient et ce jusqu’en 1932. Le dimanche des courses, de la Foire-Haute et de la mi-carême il y avait bal. On dansait entre les tables. Tous les soirs, les spectateurs qui sortaient du théâtre pouvaient déguster à la Terrasse des œufs, de la choucroute et du jambon. En 1923, au moment de l’affaire Seznec, les journalistes venaient y rédiger leurs papiers et se servaient du téléphone de la maison, le 25.

1954

L’hiver, de grands braseros chauffaient la terrasse du café. Le personnel, vers 1925, comptait deux bonnes, une femme de ménage et deux garçons de café, cinq les jours d’affluence. La vaisselle se faisait dans l’office. Il n’y avait pas de bar ; le premier comptoir ne fut installé qu’en 1961. La décoration intérieure de la salle est encore d’origine.

Monsieur Bott avait aménagé une glacière norvégienne derrière sa propriété, sous le deuxième jardin suspendu. Il s’agissait d’une fosse cylindrique de huit mètres de profondeur et de quatre mètres de diamètre, briquetée, dans laquelle il stockait sur des palettes superposées des pains de glace en provenance de Norvège qui pouvaient se conserver un an. Un treuil installé sur la première terrasse et un câble d’environ vingt mètres permettaient de hisser ou de descendre les palettes. Monsieur Le Picart dota l’établissement de trois grandes caves qu’il fit creuser à la dynamite dans le roc. Au fond de l’une d’elles, en 1942, les Allemands creusèrent, dans le roc également, un boyau à trois ouvertures (du n°37 au n°25 de la Place des Otages) qui servit d’abri au moment des alertes.

En 1954, le « Grand Café de la Terrasse » est exploité par François BOZEC, le père du « Petit tour de France » morlaisien. En fait, l’établissement s’est démocratisé.  François et Félicie BOZEC vont tenir le café jusqu’en 1996.

La famille Quenech’du rachète alors le Grand café de la Terrasse et vont y créer une cuisine… Le grand Café devient petit à petit une brasserie.

2007

En 2007, la Famille LAMBEL  en devient propriétaire…

La restauration est désormais incontournable et la cuisine le fer de lance du « Grand café de la Terrasse ».

Notre cuisine et nos pâtisseries sont faites MAISON, toute l’équipe vous souhaite de passer un bon moment et excellent appétit….

Extrait du livre Bretagne d’Hier, Morlaix, par Marthe Le Clech, tome I, paru en 1988, réédité en 1990 et 2001.